
01 février 2025 - 1071 vues
Une immense majorité des collectivités ne respecte pas la loi Égalim. C'est le cas du restaurant scolaire de Saint-Nazaire-sur-Charente, qui propose pourtant plus de 60% de produits locaux. Reportage.
La loi Égalim incite-t-elle vraiment à mieux manger ? On peut en douter. La loi met en avant les produits labellisés et les produits bio. Problème, 80% des collectivités territoriales ne la respectent pas. Illustration au restaurant scolaire de Saint-Nazaire-sur-Charente. Les produits utilisés par le chef-cuisinier n’entrent pas dans les cases de la loi. Pourtant, ils sont en très grande partie locaux. La commune a donc invité le député Christophe Plassard à manger avec la centaine d’enfants de l’école vendredi midi. Reportage, Paul Nouzarede :
Il n’y a qu’à voir les assiettes vides à la fin du repas. "Tout ce qu'il fait, c'est délicieux. Depuis que je suis arrivé, c'est très bien et il cuisine bien", assurent Léonie et Matthieu, en CM2, qui n’échangeraient pour rien au monde leur chef-cuisinier. On compte seulement sept grammes de gaspillage par enfant et par jour en moyenne. Un vrai bonheur pour Camille, ATSEM à l’école. Elle s’occupe notamment des enfants à la pause-déjeuner. "Ils goûtent à tout ! Faire le service peut parfois être appréhendé, mais ici pas du tout", se réjouit-elle.
Plus cher et pas forcément meilleur
Et tout ça, c'est grâce au savoir-faire du chef-cuisinier, Nicolas Foucher. Il utilise plus de 60% d’aliments locaux. Un repas lui coûte aujourd’hui 1,50€. Avec la loi Égalim, ce serait plutôt 2,50€. Respecter la loi coûte plus cher, mais c’est aussi moins bon gustativement, sans oublier les incohérences du texte. "Aujourd'hui, si on respecte la loi, je vais utiliser du Babybel bio, mais moi je préfère acheter un fromage réalisé à 20 kilomètres de l'école qui n'a pas de label", revendique Nicolas Foucher.
Avec des produits labellisés, l’unique solution pour la commune serait d'augmenter le prix du repas, fixé à 3,30€ aujourd’hui. "C’est hors de question", réplique le maire, Sylvain Gaurier. "Il faudrait passer à 5€ le repas, ce n'est pas possible. Ce n'est pas qu'on ne veut pas respecter la loi, mais nous voulons aussi mettre en avant le local", plaide l'édile. Un avis partagé par Christophe Plassard. Le député de Royan-Marennes-Oléron, qui s’est lui aussi régalé lors du repas, espère que la troisième mouture de la loi Égalim va rectifier le tir.